
Le Mali vit depuis un mois une crise du carburant sans précédent, après que le groupe JNIM, affilié à al-Qaïda, ait imposé un vaste blocus sur la capitale Bamako et un certain nombre de grandes villes depuis le début du septembre dernier. Ce blocus a paralysé le transport dans le pays, provoqué l’arrêt partiel des vols aériens, tandis que l’autorité militaire de la capitale semblait incapable de trouver une solution autre que le dialogue avec les djihadistes.
Selon des sources locales, deux élus de la région de Mopti (centre du Mali) ont rencontré, le 4 octobre, des éléments de la « Brigade de Macina », l’une des principales brigades affiliées au groupe, dans une tentative d’étudier les moyens de lever le blocus sur le carburant qui a plongé le pays dans la paralysie.
Les djihadistes ont répondu clairement à la médiation des députés, en affirmant deux conditions essentielles pour toute négociation éventuelle :
- La soumission d’une demande officielle écrite par l’autorité militaire de Bamako pour entamer les négociations.
- L’autorisation de vendre le carburant publiquement dans tous les villages et régions sous le contrôle du groupe.
Depuis l’imposition du blocus, le groupe a incendié des centaines de camions transportant du carburant dans les régions de Kayes et Sikasso, voire aux abords de la capitale, entraînant une rupture complète des approvisionnements. Toutes les routes menant à Bamako sont désormais sous contrôle djihadiste, ce qui empêche toute entrée ou sortie de camions d’approvisionnement.
Le résultat a été une paralysie quasi totale de l’activité économique et sociale à l’intérieur du pays : les transports publics et privés se sont arrêtés, et les habitants sont retournés à l’usage de chariots tirés par des ânes pour se déplacer dans les villes.
Face à cette situation, l’autorité de l’État issue du coup d’État, dirigée par le colonel Assimi Goïta — qui s’est auto-proclamé général — n’avait d’autre choix que de recourir à la négociation, après que les stocks de carburant dans la capitale et les grandes villes furent épuisés, et que les indicateurs de colère populaire montaient chaque jour.
Cette évolution survient alors que le pays connaît une dégradation sécuritaire et économique accélérée depuis le retrait des forces onusiennes et françaises, alors que l’influence des groupes djihadistes s’étend vers des zones autrefois sous contrôle de l’État.