L’association Kal Akal Observatoire citoyen pour la défense des droits humains du peuple de l’Azawad a révélé, dans son rapport périodique n°10/AKA/2025 publié le 1er novembre, un bilan alarmant des violations commises par les Forces armées maliennes et les milices du « Corps Africain » russe, ainsi que des attaques perpétrées par des groupes armés tels que le JNIM et l’État islamique dans le Grand Sahara, au cours du mois d’octobre 2025 dans les régions de l’Azawad et du centre du Mali (Massina).
Basée dans la région de Kidal, l’association agit comme une organisation de la société civile dédiée à documenter les violations contre les civils dans le contexte de la guerre en Azawad et à Massina, au moyen d’un réseau d’observateurs locaux, afin d’alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la gravité de la situation humanitaire.
78 exécutions et frappes aériennes contre des civils
Selon le rapport, le mois d’octobre a connu une escalade très dangereuse dans le rythme des frappes aériennes et des exécutions sommaires, avec 78 cas confirmés. L’armée malienne a mené des tirs d’artillerie et des frappes aériennes sur des zones densément peuplées à Tessalit, Djencheché et Farach, faisant des dizaines de morts parmi les femmes et les enfants. L’association a également documenté le bombardement d’un mariage dans le village de Beydi, près de Gossi, qui a coûté la vie à 21 civils le 29 octobre.
Le rapport signale en outre un massacre à Balil, région de Ségou, où dix civils ont été tués par les FAMa et des milices Dozo, ainsi que l’exécution d’une trentaine de civils près de Markala, le 23 octobre.
11 cas d’enlèvements et de disparitions forcées
L’association a recensé 11 cas confirmés d’enlèvements, de disparitions forcées et de torture impliquant des unités de l’armée malienne et des milices alliées. Parmi les victimes figure un adolescent de 15 ans exécuté après avoir été torturé dans la localité de Tidjachiwen, près de Kidal. Des notables locaux ont également été enlevés à Tombouctou, dont l’imam du village de Sénikaya.
Pillages massifs et destruction de biens
Neuf (09) cas de pillage et de destruction ont été documentés, incluant le démontage de systèmes solaires et de réservoirs d’eau dans les zones d’Aguelhok et d’Ilouij, ainsi que la destruction de biens civils et le vol de bétail par le « Corps Africain » et des groupes armés, notamment sur l’axe Gao – Anéfis et Tin Adjrouf.
Victimes civiles et destruction environnementale
L’association a documenté 47 cas d’impact humanitaire direct liés aux bombardements et aux déplacements forcés, avec destruction d’infrastructures, de sources d’eau et des incendies sur le couvert végétal à Ahanoua et Douma. Elle a aussi recensé 4 cas graves de pollution environnementale due à des munitions non explosées et des débris de drones à Tessalit, Frache et dans la vallée de Tenachmarane.
Condamnation et appel à une enquête internationale
Kal Akal affirme que ce qui se passe en Azawad et à Macina constitue des violations graves du droit international humanitaire, relevant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. L’association appelle à l’ouverture d’enquêtes internationales indépendantes et à l’activation de mécanismes de protection des civils, avertissant que « le droit humanitaire ne doit pas rester lettre morte » et affirmant que « le silence n’est plus une option face à la généralisation des massacres et de l’impunité ».
L’association conclut en réitérant son engagement à poursuivre la documentation et la défense des droits des victimes jusqu’à ce que justice soit faite et que la dignité du peuple de l’Azawad, qui vit sous le poids de la guerre et de l’isolement, soit restaurée.
