
Dans un développement récent qui révèle la complexité de la situation sécuritaire et économique au Mali, Bina Diarra, porte-parole du groupe JNIM (Jama’a Nusrat al-Islam wal Muslimin), a déclaré dans une vidéo publiée le vendredi 17 octobre 2025 qu’il avait accepté la demande d’excuse présentée par la compagnie de transport “Diarra”. Il a précisé que cette requête avait été faite par la directrice de l’entreprise ainsi que par ses employés, dans le but de mettre fin à la crise ayant entraîné l’arrêt des activités de la compagnie pendant plus d’un mois et demi.
Lors de son intervention, Bina Diarra a posé deux conditions majeures pour accorder ce pardon :
- Ne pas intervenir dans le conflit entre le groupe JNIM et l’armée malienne (FAMa).
- Imposer le port du voile à toutes les femmes utilisant les moyens de transport, quel que soit leur type (bus, motos, véhicules privés, charrettes, etc.).
Au début du mois de septembre 2025, Bina Diarra avait déjà annoncé un interdiction de voyager avec les bus “Diarra”, et plusieurs d’entre eux avaient été incendiés après des accusations de collaboration avec l’armée malienne. Cette décision a paralysé presque totalement les lignes de transport au Mali et provoqué une crise financière sévère pour la compagnie.
Peu après, la directrice de la compagnie a présenté publiquement ses excuses à sa clientèle et au groupe, en déclarant qu’elle ne pouvait plus assurer le paiement des salaires des employés faute de revenus, suite à l’arrêt prolongé des activités.
Selon des sources locales, les deux parties seraient finalement parvenues à un accord : “Diarra” pourrait reprendre ses services à condition de rester strictement neutre dans le conflit entre le groupe armé et les forces armées maliennes, tout en respectant les conditions religieuses et sociales imposées par JNIM.
Des observateurs estiment que cet accord pourrait constituer une trêve temporaire dans le secteur du transport, largement affecté depuis des mois par les violences armées et le blocus économique. Toutefois, cela illustre aussi le pouvoir croissant des groupes armés dans les régions hors du contrôle effectif de l’État malien — capables d’imposer des interdits de circulation et de dicter les conditions des entreprises.
Ainsi, les bus de “Diarra” reprennent la route, mais dans un contexte entièrement redéfini par le rapport de forces local, où ce n’est plus l’État mais l’autorité armée qui dicte les conditions.