
Le Mali s’enfonce dans une spirale de violence qui ne cesse de s’aggraver, et l’attaque survenue ce mercredi 1er octobre sur l’axe routier Bamako-Ségou, aux environs de Konobougou, en est une nouvelle illustration tragique. Ce n’est plus seulement l’armée qui est visée, mais désormais le cœur de l’État et ses symboles, avec le ciblage direct de magistrats et de leurs familles.
L’Élite Judiciaire Prise pour Cible
L’embuscade, perpétrée contre un convoi militaire de l’armée malienne en escorte des véhicules de transport en commun, a révélé une escalade inquiétante dans la stratégie des groupes armés. Parmi les victimes, figurent des personnalités du système judiciaire : le juge du tribunal administratif de Mopti a été blessé par balle (son pronostic vital n’est cependant pas engagé), mais l’attaque a coûté la vie à l’épouse du président du tribunal de Mopti. Deux enfants du président ont également été touchés. Plusieurs autres passagers et soldats ont été blessés.
Cet acte, qui frappe la justice malienne, envoie un signal fort et glaçant. Il témoigne d’une volonté délibérée de déstabiliser les institutions au-delà des affrontements militaires.
La JNIM Revendique et Accentue la Pression
L’attaque a été rapidement revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM/JNIM), qui affirme avoir visé un convoi de l’Armée malienne (FAMa) entre Ségou et Bamako.
Dans la soirée, le même groupe a annoncé avoir tendu une nouvelle embuscade à un convoi des FAMa entre Yélimané et Kayes, suggérant des pertes humaines et matérielles dans les rangs de l’armée.
Ces deux attaques simultanées ou rapprochées confirment la capacité de nuisance étendue et coordonnée de la JNIM sur des axes cruciaux, loin de ses bastions traditionnels.
Le blocus des Villes et la Défaillance de l’État
Ces offensives s’inscrivent dans un contexte d’insécurité structurelle et de crise logistique majeure. Depuis plus d’un mois, la JNIM maintient un blocus de facto sur les principaux axes routiers menant à la capitale, Bamako, ainsi qu’à d’autres grandes villes.
Ce “blocus” invisible empêche l’acheminement des hydrocarbures, provoquant une pénurie de carburant étouffante.
Les conséquences sont dramatiques : coupures d’électricité récurrentes, arrêt partiel ou total du transport aérien, et la fermeture de nombreuses stations-service. Cette crise logistique paralyse l’économie et la vie quotidienne, soumettant la population à une pression intenable.
Des observateurs, rappellent que ces incidents se déroulent souvent sans intervention des FAMa. La perception d’une armée malienne “lâche et inefficace”—sentiment partagé par des sources variées, allant de certains partenaires (comme Wagner) aux adversaires (groupes azawadiens ou jihadistes)—mine la confiance et la légitimité de l’État. Le fait que des groupes armés puissent imposer un blocus prolongé sur les approvisionnements vitaux sans rencontrer de résistance significative sur les axes routiers est un échec stratégique cinglant pour la junte incapable de Bamako.