
Bamako – 15 septembre 2025
Hier, le 14 septembre 2025, le Mali a été le théâtre de l’une des attaques les plus violentes contre ses routes vitales, plus de 130 camions-citernes chargés d’essence ont été incendiés sur la route reliant Kayes à Bamako, dans un contexte d’incapacité des Forces armées maliennes à assurer la protection nécessaire des transporteurs.
Dans ce contexte, trois des plus grands syndicats nationaux des transports terrestres au Mali — le Conseil des transporteurs maliens (CMTR), le Syndicat national des transports (SNT) et le Syndicat national des chauffeurs et transporteurs (SYNACOR) — ont publié une déclaration conjointe dans laquelle ils accusent les autorités de la Phase de transition de “manipulation médiatique” et de nier la réalité sécuritaire amère.
Les syndicats ont déclaré que les transporteurs vivent une situation désastreuse sur l’axe Kayes–Bamako, où voyager sur cette route est “un véritable suicide”, ajoutant que des tirs directs, des incendies de camions et des attaques organisées sont devenus “quotidiens”. La déclaration ajoute que ce qui a le plus choqué les conducteurs est le retrait des Forces armées maliennes (FAMa) lors de la dernière opération d’escorte de convois commerciaux, où “les forces ont fui le terrain laissant les conducteurs, leurs camions face aux assaillants”.
Les syndicats ont affirmé que “la lutte contre le terrorisme ne peut se construire sur le mensonge et le secret”, avertissant que la poursuite de la situation actuelle menace l’épine dorsale de l’économie nationale. Ils ont aussi déclaré qu’ils “se réservent le droit de prendre toutes les mesures nécessaires dans les prochains jours en défense de la vie des conducteurs et des intérêts des citoyens”.
De son côté, le groupe JNIM a revendiqué la responsabilité de l’attaque, affirmant dans un communiqué qu’il impose un siège complet sur les villes de Kayes et Nioro depuis plus d’un mois, précisant que ce siège “n’est pas seulement une déclaration de propagande mais une réalité tangible sur le terrain”.
Le communiqué du groupe ajoute qu’il a tendu une embuscade armée entre Laghamani et Kayira dans la région de Kayes, qui aurait — selon lui — causé la mort et des blessés parmi les soldats de l’armée malienne, détruit des dizaines de véhicules, capturé deux véhicules militaires et divers armements, parmi lesquels : un canon B-10, trois fusils d’assaut AK-47, deux lance-roquettes RPG, cinq projectiles RPG, une mitrailleuse Douchka, et six caisses de munitions.
Avec cette escalade double de la part des syndicats et du groupe armé, la crise du transport au Mali entre dans une phase dangereuse, où l’effondrement sécuritaire croise la paralysie économique, ce qui reflète la faiblesse du pouvoir militaire à contrôler les routes stratégiques les plus importantes du pays.