
Le Burkina Faso traverse une période critique de troubles sécuritaires et militaires, suite à une série d’attaques coordonnées menées par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans le jeudi 9 octobre 2025. L’attaque la plus marquante a été une embuscade sanglante entre les villes de Djibo et Namissiguia, qui a fait au moins 125 soldats burkinabè, un bilan susceptible d’augmenter. Cet assaut est l’une des opérations les plus meurtrières depuis le début de l’année, mettant la direction militaire et politique face à des défis sans précédent.
Effondrement de l’unité d’intervention rapide et montée de la colère militaire
L’attaque de Djibo a quasiment anéanti l’unité d’intervention rapide (BIR) stationnée à Kongoussi, après la perte de la majorité de ses membres et officiers. Les survivants ont exprimé leur colère face au manque de soutien et de coordination sur le terrain pendant l’affrontement, un sentiment qui s’est rapidement étendu à d’autres casernes militaires du pays. Cette colère croissante annonce un soulèvement silencieux au sein de l’armée, à un moment où le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, risque de voir la confiance des forces armées ébranlée.
Attaques coordonnées à Djibo et à Sibassiga
Le même jour, le groupe a revendiqué la prise d’un poste militaire à Sibassiga dans la province du Bam, tuant 11 soldats burkinabè, en plus de saisir des véhicules et des armes, dont des mitrailleuses PKM, des fusils Kalachnikov, des pistolets et des motos. Il a également pris le contrôle de deux points militaires à Djibo dans la province du Soum, devenant ainsi la troisième opération du groupe dans la ville en 2025, après des attaques similaires en juin et septembre.
Extension du conflit au-delà des frontières régionales
Les attaques du groupe ne se limitent pas au Burkina Faso, mais s’étendent au Mali, au Niger, à l’Azawad, au Bénin et au-delà, reflétant une stratégie expansionniste qui lui permet de faire pression sur diverses parties en Afrique de l’Ouest. Cette extension régionale complique la tâche de toute coalition militaire pour y faire face, depuis l’effondrement de la coordination régionale dans certaines zones du Sahel.
Retrait diplomatique russe et ses conséquences
Dans une démarche notable, l’ambassade de Russie au Burkina Faso a annoncé le vendredi 10 octobre le transfert temporaire de ses services consulaires en Côte d’Ivoire, en raison de son incapacité à garantir la sécurité de sa mission face à l’expansion des groupes jihadistes. Ce retrait intervient malgré le fait que la Russie soit le principal allié militaire du pays, par le biais du déploiement de mercenaires du “Africa Corps” au Burkina Faso et dans des pays voisins tels que le Mali et le Niger, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la région sous supervision de Moscou.
Avenir incertain et risques pour la stabilité de l’État
L’escalade récente indique que le Burkina Faso fait face à une crise multidimensionnelle : effondrement des unités de combat principales, montée de la frustration au sein de l’armée, retrait du soutien international et extension des opérations armées au-delà des frontières. Ces facteurs menacent de saper la capacité de l’État à résister face aux groupes jihadistes et ouvrent la voie à un vide sécuritaire que ces groupes pourraient exploiter pour étendre leur influence et leur contrôle.
Avec la poursuite des attaques et l’élargissement du fossé de confiance entre la direction et les soldats, il semble que la crise du Burkina Faso entre dans une phase plus périlleuse, où la lutte pour rétablir la sécurité intérieure est étroitement liée à la reconstruction du moral de l’armée et à la mobilisation du soutien régional et international.