
Bamako, 10 août 2025 (Agence France-Presse) — Les autorités maliennes ont arrêté des dizaines de soldats suspectés d’avoir planifié le renversement du conseil militaire au pouvoir, qui est arrivé au pouvoir à travers un coup d’État dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, selon des sources de l’AFP dimanche.
Depuis son accession au pouvoir via deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, le conseil militaire a renforcé son emprise sur les opposants dans un contexte de violences djihadistes à grande échelle.
Un responsable de la sécurité malienne a déclaré à l’AFP : « Depuis trois jours, des arrestations liées à une tentative de fragiliser les institutions sont en cours. Il y a eu au moins une vingtaine d’arrestations. » Une autre source au sein de l’armée a confirmé qu’il y avait eu une « tentative de déstabilisation », ajoutant : « Nous avons effectué les arrestations nécessaires. »
Parmi les personnes arrêtées figure le général Abbas Dembélé, ancien gouverneur de la région centrale de Mopti et figure militaire respectée. Un proche du général a indiqué : « Des soldats sont venus tôt ce dimanche matin pour arrêter le général Abbas Dembélé à Kati », une banlieue près de la capitale Bamako, en ajoutant : « Ils ne lui ont pas expliqué la raison de son arrestation. »
Un autre membre du « Conseil national de transition » (le parlement pro-junte) a rapporté que le nombre d’arrestations s’élevait à « environ 50 personnes », toutes militaires, en affirmant : « Leur objectif était de renverser le conseil militaire. »
Depuis 2012, le Mali est en proie à des crises répétées : des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique mènent des attaques meurtrières dans tout le pays, tandis que la situation économique se détériore.
Le pays est également en guerre ouverte contre le Front de libération de l’Azawad, qui cherche à faire sécession. Le conseil militaire a violé l’accord d’Alger garanti l’intégrité territoriale du Mali, ravivant ainsi le conflit dans l’Azawad.
Après les coups d’État, le conseil militaire a rompu ses relations avec la France, justifiant cette décision par la volonté de libérer le pays de l’influence de son ancienne puissance coloniale — une ligne également suivie par le Niger et le Burkina Faso, gouvernés par des militaires.
Le Mali a noué de nouvelles alliances, notamment avec la Russie. Des mercenaires du groupe Wagner et sa succursale « Africa Corps » ont apporté leur aide à l’armée malienne dans la lutte contre le Front de libération de l’Azawad et les djihadistes, dans des opérations entachées de graves violations des droits humains.
Néanmoins, comme au Niger et au Burkina Faso, le Mali peine à contenir la menace djihadiste. Des organisations de défense des droits humains — telles que Human Rights Watch, Amnesty International, l’association Kal Akal et le Collectif pour la défense du peuple de l’Azawad ont documenté des violations graves contre les civils perpétrées par l’armée malienne et ses alliés russes .
L’anthropologue malien Omar Maïga estime que cette récente vague d’arrestations « est la preuve que les officiers peinent à maîtriser la situation », ajoutant : « Il y a du mécontentement au sein de l’armée, et certains soldats ne sont pas satisfaits du traitement réservé aux mercenaires russes au détriment des soldats maliens. »
Source : Agence France-Presse + Tanakra news