
Mohamed Elmouloud Ramadan, porte-parole du Front de Libération de l’Azawad (FLA), a révélé les nouveaux objectifs du Front de Libération de l’Azawad, qui consistent en l’indépendance totale, et a qualifié la « junte militaire » malienne ainsi que les mercenaires russes de « terroristes ».
Dans un contexte de tensions croissantes au nord du Mali, Mohamed Elmouloud Ramadan, porte-parole du FLA, a tenu des propos fermes lors d’un entretien accordé à la chaîne TV5 MONDE, exposant la nouvelle position de son mouvement et ses ambitions. Selon lui, le conflit actuel est la continuité d’une lutte ancienne, initiée avant même l’indépendance du Mali, et il n’existe aucune possibilité de dialogue avec les autorités maliennes actuelles.
Origine et objectifs : l’indépendance de l’Azawad comme finalité
Le Front de Libération de l’Azawad (FLA) a été fondé le 30 novembre 2024, il y a environ un an. Il s’agit d’une coalition née de la fusion de l’ensemble des mouvements signataires de l’Accord d’Alger pour la paix, qu’ils soient hostiles au pouvoir malien (CMA) ou proches de lui (la Plateforme). Tous ont décidé de dissoudre leurs structures pour créer un mouvement unifié sous le nom de Front de Libération de l’Azawad.
D’après son porte-parole, le FLA dispose d’une présence militaire « forte » couvrant presque tout le territoire de l’Azawad : Kidal, Gao, Tombouctou, Taoundéni, et s’étendant de la frontière mauritanienne jusqu’à la frontière algérienne.
Mohamed Elmouloud Ramadan a déclaré pour la première fois que l’objectif clair et explicite du Front de Libération de l’Azawad est « l’indépendance de l’Azawad ». Il a rappelé que cette lutte s’inscrit dans la continuité d’un combat vieux de plus de 60 ans. En 1958 déjà, des chefs de tribus et notables avaient adressé une pétition au général de Gaulle pour demander que leurs territoires ne soient pas rattachés au Sud du Mali, invoquant l’absence de liens historiques, culturels et géographiques justifiant une telle union.
Dialogue impossible et accusations de terrorisme
Le porte-parole du FLA affirme qu’aucun dialogue n’est possible avec le gouvernement malien actuel. Selon lui, la guerre est imposée par une « clique » illégitime arrivée au pouvoir par un coup d’État contre un régime démocratiquement élu qui avait signé l’Accord d’Alger. Si les militaires au pouvoir avaient réellement voulu la paix, ils n’auraient pas annulé cet accord qui constituait un cadre accepté par tous.
En réponse à la décision de Bamako de qualifier le FLA de groupe terroriste, Ramadan a inversé l’accusation : pour lui, ce sont “les autorités maliennes qui sont terroristes“, car elles ont fait appel aux mercenaires russes de « Wagner », une organisation internationalement reconnue comme terroriste.
Il accuse Wagner de commettre des crimes graves contre les civils à l’Azawad : politique de « terre brûlée », bombardements de campement nomade et de marchés par drones, et même des « actes de cannibalisme » (décapitations, mutilations, consommation de chair humaine). Selon lui, même l’organisation Daesh, pourtant tristement célèbre pour ses massacres, n’avait pas atteint ce degré d’horreur dans la région avant l’arrivée des mercenaires russes.
La bataille de Tinzawaten et la scène internationale
Ramadan a évoqué la récente bataille de Tinzawaten, qui a infligé de lourdes pertes aux mercenaires de Wagner. Il a rejeté toute idée d’alliance de circonstance ou de collaboration ambiguë avec des groupes djihadistes comme le JNIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans). Selon lui, ce sont les combattants du FLA qui ont mené le combat, durant près de trois jours. Il reconnaît toutefois la présence du JNIM dans le désert et admet que des éléments en fuite ont pu croisé par une cellule de ce groupe, laquelle a ensuite attaqué Wagner.
Sur le plan international, Ramadan affirme que le FLA entretient de « bons contacts » avec plusieurs acteurs, dont l’Ukraine, la France et les États-Unis. Même si, dit-il, l’Azawad n’a pas besoin de renseignements étrangers dans un désert qu’il connaît parfaitement, ces échanges se poursuivent.
Enfin, Mohamed Elmouloud Ramadan a attribué à la France une part de responsabilité dans la situation actuelle, estimant que l’Azawad paye aujourd’hui les erreurs commises par Paris lors de la décolonisation de l’Afrique de l’Ouest. Il accuse également la France d’être en partie responsable de la réintégration forcée du Mali dans les territoires de l’Azawad après son intervention militaire de 2013.