
Abdoulhamid Ag Tahama, dit Addou, a commencé à étudier le Coran dès son enfance à Takumbawte, jusqu’à sa mémorisation complète. Il continua à s’instruire et chercha à approfondir sa compréhension de ce qu’il avait appris. Après le décès de son père, foudroyé dans la zone d’Edjam, il décida de revenir chez lui à Diatafo pour s’occuper de sa mère et de ses petits frères, Issa Ag Tahama et Med-Alamine Ag Tahama.
Quelques années plus tard, il épousa l’une de ses cousines. Dieu lui accorda trois enfants, dont l’aîné se nomme Sagdoun Ag Abdoulhamid.
Sa vie se résumait aux allers-retours entre son village et Tombouctou. Combien d’imams de Tombouctou l’ont connu à travers sa modestie, son humilité et sa maîtrise du Coran dans les différentes mosquées de la ville ? Combien de personnes l’ont croisé dans les rues de Tombouctou, chapelet toujours à la main, les lèvres en mouvement, récitant le zikr ? Combien de jeunes l’ont approché pour solliciter ses invocations : pour réussir un concours, trouver du travail, ou attirer la baraka dans leur vie ?
Mais tout cela prit fin tragiquement un jour.
Le dimanche 1er mai 2025, avec sa vieille mère malade, accompagné de sa femme, il décida de venir à l’hôpital de Tombouctou pour chercher des soins. Le 02 mai 2025, après être sorti de l’hôpital, ordonnance à la main, pour chercher des médicaments dans une pharmacie à l’extérieur, il fit un détour chez un boucher pour acheter de la viande pour sa famille.
C’est alors que les bruits des armes retentirent dans toute la ville : Tombouctou était attaquée. Une foule de jeunes se précipita sur lui. On ne lui laissa même pas le temps de dire au revoir à sa vieille mère malade, ni à sa femme inquiète. Il fut brutalement frappé avec des blocs de ciment, des barres de fer… jusqu’à ce qu’il rejoigne Celui qui ne meurt jamais et qui observe parfaitement tout ce que nous faisons.
Après sa mort, la foule, encore insatisfaite, décida de brûler son noble corps. Ils ignoraient peut-être que, dans des nombreux textes religieux, il est dit que la terre consume tout sauf le corps de l’homme qui a mémorisé le Coran. Pourquoi ? Juste parce qu’il était clair de peau, portait un turban, marchait avec dignité, il avait choisi l’humilité plutôt que l’arrogance. Parce que des gens comme lui ne sont pas aimés des brutes sans scrupules.
Nous devons nous ressaisir. Si nous ne voulons pas finir comme ceux qui ont causé leur propre perdition ici-bas et dans l’au-delà, nous devons être ceux qui protègent les faibles, non ceux qui les humilient. Ceux qui appellent à l’union, non à la haine et à la division.
Enfin, nous disons à ceux qui ont commis cet acte ignoble : n’oubliez pas que les huffaz (mémorisateurs du Coran) sont chers à Allah, et que nuire à l’un d’eux, c’est attirer la colère d’Allah sur soi. Et Allah n’est jamais inattentif aux souffrances des opprimés.
Nous lançons un appel aux autorités et à toutes les bonnes volontés d’ouvrir une enquête, afin que les coupables répondent de leurs actes ignobles.
Son ami, son talibé, Aly Ag Ousmane