
Le Niger, en particulier la région de Tillabéri, fait face à une escalade sécuritaire préoccupante qui menace la stabilité du pays. Face à l’intensification des attaques armées et à l’absence de réponse efficace des autorités militaires, l’ambassade des États-Unis à Niamey a tiré la sonnette d’alarme, annonçant un renforcement drastique de ses mesures de sécurité. Une décision qui reflète la gravité sans précédent de la situation.
L’ambassade a indiqué que tous les déplacements de son personnel se feront désormais exclusivement à bord de véhicules blindés, en raison de la hausse des risques d’enlèvements et de menaces directes visant les étrangers, notamment dans la capitale Niamey. Cette mesure symbolise le niveau élevé de menace que représente l’environnement sécuritaire actuel.
La chute du camp militaire de Boni aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM)
Dans une évolution majeure sur le terrain, le camp militaire de Boni, situé près de la frontière avec le Burkina Faso, est tombé le jeudi 15 mai 2025 aux mains des combattants du JNIM après une attaque violente.
Ce camp, considéré comme l’un des bastions stratégiques de la région de Torodi, abritait des éléments de la brigade spéciale d’intervention (BSI 95) ainsi que de l’unité spéciale du Garde national du Niger (GIS-GNN). Après des affrontements intenses, les assaillants ont pris le contrôle total du site. Un hélicoptère de reconnaissance envoyé depuis Niamey n’a pas pu assurer un appui, ayant essuyé des tirs avant de battre en retraite.
Les informations concernant le bilan humain ou le sort des soldats présents dans le camp restent inconnues à ce stade, ce qui fait craindre de lourdes pertes humaines ou des prises d’otages, à l’instar d’attaques précédentes qui avaient fait des dizaines de morts.
Des attaques simultanées revendiquées par l’État islamique dans la région de Tillabéri
La menace ne se limite pas au JNIM. La branche sahélienne de l’État islamique (EIGS) a revendiqué plusieurs attaques contre l’armée nigérienne et ses supplétifs dans la région de Tillabéri.
Lors d’une première attaque entre Inates et Ayourou, un engin explosif improvisé (EEI) a visé une patrouille militaire, blessant plusieurs soldats et détruisant un véhicule blindé. Le même jour, un autre EEI a frappé un véhicule militaire près d’Inates, faisant des morts et des blessés.
Dans une troisième opération, une embuscade tendue à une milice pro-gouvernementale près de Danga a causé la mort de sept membres et fait deux blessés. Par ailleurs, plus de 135 membres des forces spéciales du GIS restent portés disparus dans les environs de Banibangou et Tongo Tongo.
La région au bord de l’effondrement sécuritaire
Ces développements soulignent une accélération inquiétante de la dégradation sécuritaire, dans un contexte de confusion stratégique au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), accusé d’échec dans la sécurisation des zones frontalières cruciales.
La situation est d’autant plus critique avec le retrait des partenaires internationaux et l’absence de soutien aérien, laissant le champ libre aux groupes jihadistes pour étendre leur emprise et multiplier les attaques contre des forces armées déjà fragilisées.