
Dans l’un des épisodes les plus sanglants de la récente escalade de violences en Azawad, l’association Kal-Akal, observatoire citoyenne de défense des droits humains du peuple de l’Azawad, a documenté une série d’attaques meurtrières perpétrées par les Forces armées maliennes (FAMa) et les mercenaires de l’Africa Corps (ex-Wagner) dans les régions de Kidal et Tombouctou, entre le 24 et le 26 juin 2025. Ces opérations ont entraîné la mort de plus de vingt civils, dont des femmes et des enfants, ainsi que des destructions massives de biens civils.
Tombouctou : Pillages et privation des moyens de survie
Les 24 et 25 juin, une patrouille conjointe FAMa–Africa Corps a envahi plusieurs localités de la zone de Mêma, notamment Diawely, Sormo et Sourango. Ces forces ont procédé au pillage systématique des maisons, boutiques et infrastructures, notamment à la destruction des panneaux solaires alimentant les forages d’eau, privant ainsi les habitants de leurs ressources vitales. Aucun affrontement armé n’y a été signalé, ce qui confirme le ciblage direct de populations civiles.
Kidal : Frappe de drones et massacre au sol
Dans la nuit du 25 juin et la matinée du 26 juin, le village d’Egachar Sadidane a été la cible de deux frappes de drones qui ont tué et blessé plusieurs civils, y compris des femmes et des enfants. Peu après, une force terrestre a lancé une opération dans la localité voisine d’Adrian, causant la mort d’au moins vingt civils non armés, parmi lesquels figuraient des chefs communautaires et des notables locaux. Des habitations ont été incendiées et des biens détruits.
Kal-Akal : un cri d’alerte face aux crimes de guerre
Dans un communiqué publié le 26 juin 2025, Kal-Akal a fermement condamné ces exactions, les qualifiant de violations graves du droit international humanitaire et de crimes de guerre. L’association a appelé la communauté internationale à :
- Mettre fin à l’impunité des auteurs de ces crimes ;
- Garantir des corridors humanitaires sûrs pour les secours ;
- Ouvrir une enquête internationale indépendante et crédible ;
- Soutenir les efforts locaux de documentation et de plaidoyer, notamment ceux de Kal-Akal.
Kal-Akal a également réaffirmé son engagement à défendre les droits des victimes et à porter leurs voix dans les instances régionales et internationales.
Un devoir moral face à des massacres systématiques
Ces violences soulignent une fois de plus que les interventions militaires dans le nord du Mali, loin de rétablir la sécurité, semblent suivre une logique punitive et discriminatoire visant des composantes spécifiques de la population, en particulier le peuple de l’Azawad.
L’appel de Kal-Akal n’est pas seulement une dénonciation, mais un appel au sursaut de la conscience internationale. Le silence face à ces crimes équivaut à une complicité. Il est urgent d’agir avant que Kidal et Tombouctou ne deviennent les symboles d’un nouveau génocide ignoré.