
Dans la matinée du dimanche 1er juin 2025, la localité de Boulkessi, située dans la région de Douentza, en l’Azawad, s’est réveillée sur l’un des assauts les plus violents de l’année. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a mené une attaque qualifiée de « dévastatrice » contre une base militaire conjointe de l’armée malienne et des combattants de Wagner.
Deux versions contradictoires
Dans un communiqué diffusé sur ses canaux médiatiques, le JNIM a revendiqué l’opération, affirmant avoir tué plus de 100 soldats maliens et mercenaires russes, capturé 22 éléments vivants, et s’être emparé d’un important arsenal militaire, incluant :
3 véhicules militaires,
2 mortiers,
2 lance-roquettes RPG,
5 mitrailleuses Douchka,
174 fusils Kalachnikov,
274 chargeurs,
4 pistolets de guerre,
et divers équipements militaires.
Le groupe affirme également avoir détruit 33 véhicules militaires, dont 11 blindés et des camions lourds, ce qui en ferait l’un des assauts les plus meurtriers et coûteux en matériel depuis plusieurs mois.
De son côté, l’État-major des armées maliennes a confirmé l’attaque dans un communiqué publié le lundi 2 juin, tout en précisant que les forces maliennes ont « riposté avec courage » avant de procéder à un retrait tactique. Le communiqué salue « le sacrifice des soldats tombés pour la défense de la nation » et affirme que plusieurs assaillants ont été neutralisés lors de leur repli, tandis que des opérations de ratissage sont toujours en cours.
Une bataille au-delà du terrain
L’assaut de Boulkessi ne se limite pas à un simple affrontement militaire : il illustre la profonde fragilité du dispositif sécuritaire au Mali, dans un contexte marqué par le retrait des troupes françaises et de la MINUSMA
Cette attaque intervient dans un climat de recrudescence des offensives contre les forces armées maliennes, mettant les autorités de transition sous pression, tant à l’intérieur du pays qu’au niveau international.
Des bilans divergents, une réalité incontestable
Comme souvent dans ce type d’événement, deux narratifs s’affrontent : l’un, officiel, glorifie la résistance des troupes et évoque des pertes infligées aux « terroristes » ; l’autre, documenté par les groupes armés eux-mêmes à travers photos et vidéos, revendique une victoire éclatante.
Ce qui ne fait toutefois aucun doute, c’est que l’opération de Boulkessi révèle la capacité persistante des groupes djihadistes à mener des assauts coordonnés de grande envergure.
Une série noire : Tombouctou à son tour frappée
À peine 24 heures plus tard, le lundi 2 juin, la ville de Tombouctou a été le théâtre d’un nouvel assaut sanglant, toujours revendiqué par le JNIM. L’attaque a causé environ 30 morts et s’est soldée par la prise de plusieurs postes militaires et points de contrôle stratégiques autour de la ville. Cette deuxième attaque consécutive souligne l’escalade alarmante de la violence dans l’Azawad, et le manque de réactivité des dispositifs en place face à une menace bien organisée.
Ces événements illustrent l’impasse sécuritaire dans laquelle s’enfonce le pays, et rappellent que, malgré les discours triomphalistes, le terrain reste largement disputé.