
Le dimanche dernier, le Burkina Faso a été le théâtre d’une escalade militaire sans précédent revendiquée par le groupe Jama’at Nasrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), qui a annoncé avoir tué 200 soldats des forces armées burkinabè lors d’une vaste attaque contre une caserne militaire dans la ville de Djibo, située dans la province du Soum, au nord du pays.
Selon le communiqué diffusé par le groupe, les combattants ont saisi un arsenal militaire important comprenant quatre véhicules, des mortiers, des armes lourdes de type Douchka, RPG et PK, ainsi que plus de 200 fusils d’assaut Kalachnikov, des centaines de chargeurs et de caisses de munitions, seize motos et divers autres équipements militaires.
Dans une évolution notable sur le terrain, le JNIM a également affirmé avoir pris le contrôle de huit autres positions militaires au cours de la même journée. Parmi ces positions figurent : le village de Sebassi dans la province du Bam, le village de Bougay près de Ouahigouya, et le village de Boko dans la région de Kien, au sud du pays, ainsi que Suli à Djibo, entre autres. Ce qui porte à neuf le nombre total de positions militaires tombées entre les mains du groupe en 24 heures, marquant ainsi un tournant majeur dans la carte du contrôle militaire du pays.
Le groupe a publié des images montrant ses combattants à l’intérieur des installations militaires attaquées, notamment un bâtiment officiel à Djibo où l’on peut voir le drapeau du groupe hissé, un portrait du président burkinabè Ibrahim Traoré accroché au mur, ainsi qu’une statue représentant l’Alliance du Sahel dans le centre-ville – des symboles forts qui traduisent un affaiblissement marqué du contrôle étatique et des alliances internationales dans la région.
Par ailleurs, des vidéos diffusées par le groupe montrent des dizaines de corps de soldats burkinabè tués durant l’assaut de Djibo, mettant en lumière l’ampleur des pertes subies par l’armée régulière.
Des sources locales ont rapporté une situation de panique et de déplacements massifs de populations autour des zones visées, dans un silence total des autorités burkinabè qui, jusqu’à présent, n’ont émis aucun commentaire officiel – signe apparent d’une désorganisation suite à cette attaque dévastatrice.
Cette montée en puissance intervient dans un contexte particulièrement délicat pour le Burkina Faso, déjà fragilisé par une instabilité politique chronique depuis une série de coups d’État, et un retrait progressif de l’aide militaire internationale, notamment des forces françaises et des missions onusiennes.
Selon des analystes, ces dernières attaques traduisent un changement stratégique dans les tactiques du JNIM, passant des embuscades et engins explosifs improvisés à une stratégie de conquête territoriale et d’occupation directe, ce qui révèle un nouveau niveau d’audace organisationnelle et de capacité opérationnelle. Une dynamique inquiétante qui soulève de sérieuses questions sur la capacité de l’armée burkinabè et de ses alliés régionaux et internationaux à faire face à une menace croissante dans la région du Sahel.
Dans ce contexte tendu, le pays semble glisser vers un avenir plus sombre, à moins qu’une réponse décisive ne soit rapidement mise en œuvre pour rétablir l’équilibre des forces sur le terrain et empêcher un effondrement sécuritaire total.