
Après plus de soixante ans de conflit et de marginalisation, l’indépendance de la région de l’Azawad émerge comme la seule solution capable de mettre fin à la souffrance persistante de son peuple. Toutes les tentatives de réconciliation et les accords précédents – y compris l’accord d’Alger de 2015 – se sont brisés sur le roc des mauvaises intentions des gouvernements successifs de Bamako, en particulier le régime militaire actuel qui s’appuie sur des mercenaires et une politique de la terre brûlée. Face à cette réalité sanglante, le peuple de l’Azawad n’a d’autre choix que de revendiquer son droit naturel à l’autodétermination, comme seule garantie pour arrêter la guerre et parvenir à une paix durable dans une région épuisée par la violence.
L’Algérie et son rôle central dans la crise du Sahel africain : lecture de la position du Front de libération de l’Azawad
Dans le contexte des développements rapides dans la région du Sahel africain et de l’intensification de la crise dans le nord du Mali, l’Algérie émerge comme un acteur clé dans les tentatives de rétablissement de la paix, comme l’a affirmé Mohamed El-Mouloud Ramadan, porte-parole officiel du “Front de libération de l’Azawad”, dans son entretien avec “Africa News”. Il a salué le rôle historique et diplomatique de l’Algérie, la qualifiant de “grande nation dont la parole est écoutée”, à un moment où la région connaît des alliances putschistes et une détérioration sans précédent de la sécurité et des conditions humanitaires.
La crise de l’Azawad : racines politiques et solutions absentes
Ramadan a affirmé que la crise de la région de l’Azawad n’est pas nouvelle, mais qu’elle dure depuis plus de 60 ans, et qu’elle est de nature purement politique, résultant d’une “marginalisation délibérée” des gouvernements successifs de Bamako. Il a souligné que les accords précédents, y compris “l’accord d’Alger de 2015”, ont échoué en raison de la “trahison” du gouvernement putschiste malien, qui s’est allié aux groupes russes “Wagner” pour mener une “épuration ethnique” contre les Arabes et les Touaregs. Il a également condamné l’utilisation de drones turcs dans des tueries aveugles, ce qui a accru les souffrances des civils.
L’Algérie : un médiateur absent et un allié nécessaire
Malgré la détérioration de la situation, l’Algérie reste, aux yeux du Front, une “nation sœur et une puissance régionale capable de jouer un rôle central”. Ramadan a rappelé que l’Algérie avait été un médiateur impartial dans les accords précédents, mais que son absence actuelle de la scène – en raison des complexités des alliances régionales – a aggravé la crise. Il a adressé un message à l’Algérie pour qu’elle soutienne diplomatiquement la cause de l’Azawad, en particulier dans les forums internationaux, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, affirmant que “la résolution de la question de l’Azawad contribuera à la stabilité de tout le Sahel”.
L’alliance des putschistes : isolement international et échec attendu
Le porte-parole a critiqué l’alliance de Bamako avec le Niger et le Burkina Faso (l’alliance des Etats du Sahel), la qualifiant d'”alliance des faibles”, car elle rassemble des “gouvernements putschistes illégitimes”. Il a indiqué que cette alliance vise à prolonger la durée de vie des régimes militaires, mais qu’elle ne parviendra pas à établir la stabilité, surtout avec la détérioration de la situation au Burkina Faso, qui “est devenu l’otage des groupes armés”.
La tragédie humanitaire : silence international et demandes urgentes
Ramadan a révélé une catastrophe humanitaire dans l’Azawad, où les civils souffrent d’une grave pénurie de nourriture et de soins de santé, amid une politique de “terre brûlée” menée par Bamako. Il a appelé la communauté internationale à faire pression pour mettre fin aux massacres et à faciliter l’accès à l’aide, avertissant que le silence encourage les putschistes à poursuivre leur “épuration ethnique”.
Le scénario souhaité : indépendance ou fédéralisme ?
Le Front a exprimé son attachement au droit à l’autodétermination, rejetant toute solution intermédiaire comme l’autonomie, la qualifiant de “temporaire”. Ramadan a affirmé que “l’indépendance de l’Azawad est la seule solution”, estimant que toute autre solution ne ferait que reproduire la crise plus tard.
Conclusion : L’Algérie et l’avenir du Sahel
Cet entretien montre que l’Algérie, malgré les complexités de la situation, reste un acteur essentiel dans toute solution durable, mais son rôle a besoin d’un soutien international. Il soulève également des questions sur le sort de la région si le conflit persiste, surtout avec la montée de l’influence russe et turque et l’érosion de la légitimité locale. L’Algérie pourra-t-elle mener de nouvelles initiatives, ou le Sahel est-il voué à une plus grande fragmentation ?
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Article inspiré d’une interview réalisée par “Africa News” avec le porte-parole officiel du “Front de libération de l’Azawad”, Mohamed El-Mouloud Ramadan, datée du 18/04/2025.