
Dans un développement sécuritaire marquant sur la situation sécuritaire au Mali , le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a revendiqué une attaque sanglante contre un camp de l’armée malienne à Djoura, dans la région de Mopti, au cœur du Macina, ce vendredi 23 mai 2025 en milieu de journée.
Dans un communiqué diffusé par la Fondation Az-Zallaqa, sa branche médiatique, le groupe affirme que ses combattants ont réussi à prendre le contrôle total du camp,
Le communiqué évoque d’importantes pertes dans les rangs de l’armée malienne sans en préciser le nombre. Aucune réaction officielle des autorités maliennes n’a été publiée à ce stade.
Importance stratégique du site ciblé
La ville de Djoura revêt une importance stratégique du fait de sa localisation dans la région de Mopti, l’une des zones les plus instables du Macina, où opèrent plusieurs groupes armés, dont la Katiba Macina, affiliée au JNIM – branche sahélienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
La chute de ce camp, si elle est confirmée, représenterait un nouveau revers pour l’armée malienne, déjà confrontée à une recrudescence d’attaques ciblées, en dépit du soutien militaire croissant qu’elle reçoit du groupe Wagner et du Corps africain.
Des observateurs estiment que la prise temporaire ou durable de camps militaires dans les zones rurales traduit un changement de stratégie du groupe jihadiste, passant du harcèlement mobile à une tentative d’occupation territoriale ponctuelle et d’imposition d’un fait accompli.
Portée et conséquences
Cette prise de contrôle de Djoura intervient alors que le ministre de la Défense issu du coup d’État, Sadio Camara, effectue ce même vendredi sa première visite à Kidal, ville symbolique de l’Azawad, depuis son occupation par Wagner en novembre 2023.
Kidal constitue un épicentre du conflit entre l’État malien et les mouvements de l’Azawad. La visite de Camara y prend donc une forte dimension politique et militaire. Mais l’attaque simultanée de Djoura, au centre du pays, envoie un message contraire : les victoires proclamées sur le papier ne traduisent pas une réalité sur le terrain, où les groupes armés restent capables de frapper l’armée malienne à tout moment, y compris jusqu’à Bamako.
Silence officiel et inquiétude populaire
Alors que le silence des autorités entoure toujours l’événement à l’heure actuelle, un climat de peur règne parmi les populations locales de Mopti, coincées entre les exactions des groupes armés et les campagnes militaires gouvernementales, souvent entachées de violations des droits civils selon des rapports récurrents.
Tous les regards se tournent désormais vers la réaction de l’armée malienne, avec des prévisions d’opérations de représailles d’envergure dans les environs de Djoura. Mais l’efficacité de telles opérations reste tributaire du niveau de préparation des forces armées et de la qualité du renseignement disponible, dans un environnement complexe et difficilement pénétrable.
Il convient de rappeler que ce même camp avait déjà été attaqué par les mouvements de l’Azawad en septembre 2023, ce qui s’était soldé par sa prise totale, la mort d’environ 100 soldats maliens, et la capture de plusieurs autres toujours détenus par le Front de libération de l’Azawad.